étoffe de tissu multicolore

Les Différentes Fibres Textiles et leur Impact Environnemental

On se retrouve dans ce billet autour d’un sujet un peu plus technique…

Celui des fibres textiles et de leur impact sur l’environnement.

Afin de vous aider à mieux comprendre la mode, ce qui est écoresponsable ou ce qui ne l’est pas.

Mais aussi pour mieux comprendre les étiquettes de composition quand vous faites du shopping !

Il existe 3 grandes familles de fibres textiles :

Naturelles : les fils sont composés à partir de plantes (coton, lin, bambou, …)

Artificielles : les fils sont composés à partir de plantes transformées par la chimie (viscose)

Synthétique : les fils sont composés à partir de composés issus de la pétrochimie

 

C’est en suivant une formation sur l’écoconception que mes idées reçues ont volé en éclat.

Saviez-vous que la fibre qui a le plus lourd impact CO2 est la laine ???

Et oui, les moutons relarguent du méthane sous forme de pet, gaz 25 fois plus réchauffant que le C02.

Alors oui la laine c’est naturel, mais ce n’est vraiment pas top pour l’environnement.

Prête à te défaire de tes idées reçues ?

C’est parti !

Fibres naturelles

On commence par les fibres naturelles, celles issues directement de la nature, qui n’ont pas fait l’objet de transformation par la chimie mais uniquement par la mécanique : la transformation de la matière brute en fil.

étoffe de coton bleu nuit

Coton

Le coton est l’une des fibres textiles les plus utilisées. Elle est naturelle mais sa production est des plus polluante et consommatrice de ressources

Les cultures de coton font l’objet d’utilisation de pesticides et engrais en masse, classés pour la plupart comme très toxiques. Il faut environ 10 000 litres d'eau par kilo de coton soit presque 3000 litres pour un t-shirt et 11 000 litres pour un jean.

Au niveau de la transformation de la fibre en fil, le processus est lui aussi polluant : on utilise du chlore pour blanchir la fibre de coton et des métaux lourds pour la teinture.

Privilégiez le coton bio (avec une certification, GOTS par exemple) ou le coton recyclé pour atténuer votre empreinte carbone !

Impact CO2 : produire 1kg de coton génère 16,4kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : 10'000 litres d’eau par kilo de coton

Pollution de l’eau et des sols : grosse pollution par les engrais, pesticides au moment de la culture du coton et par les produits chimiques lors du processus de fabrication (blanchiment, teinture)

Biodégradable : oui

dos d'une jeune femme en rose rose en lin

Lin

Le lin est une céréale qui pousse dans des zones tempérées comme le nord de la France (1er producteur mondial avec 150 000 tonnes par an et pas moins de 80 % de la production) et le Belgique et qui ne nécessite aucune irrigation. L’eau de pluie suffit pour faire pousser le lin. De plus très peu (ou pas) de pesticides sont utilisés dans la culture du lin.

Pour un tissu en lin écoresponsable, veillez à ce que la filature et le tissage aient été réalisés localement. La certification européenne Masters of Linen® garantit par exemple que toutes les étapes de production et de transformation du lin suivent des normes strictes : la culture, le tissage et le filage du lin doivent être réalisés en Europe. 

Pas de gâchis avec le lin car tout est utilisé : les graines dans l’industrie agroalimentaire, la fibre, la paille, le bois et la poussière.

Impact CO2 : produire 1kg de lin génère 16,7kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : eau de puie, pas d’irrigation

Pollution de l’eau et des sols : par les éventuels pesticides des cultures et par la teinture

Biodégradable : oui

étoffe de soie verte

Soie

La soie du mûrier est une matière naturelle d’origine animale. C’est le ver à soie qui tisse son cocon ovale à partir d’un fil continu qu’il sécrète. C’est ce fil qui est utilisé pour la fabrication de la soie. La soie est controversée par son impact environnemental et sur le bien-être animal.

En effet, la grande majorité de la soie est fabriquée en Asie (70% de la production mondiale) et pour récupérer la soie, les cocons sont étouffés dans des étuves à 80°C. Il faut tuer environ 6600 vers à soie pour obtenir un seul kilogramme de soie. La culture de la soie nécessite l’utilisation d’engrais, de pesticides et de produits chimiques, néfastes pour la planète.

Impact CO2 : produire 1kg de soie génère 18,6kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : eau de pluie

Pollution de l’eau et des sols : par les éventuels pesticides des cultures et par la teinture

Biodégradable : oui

 fibres brutes de chanvre

Chanvre

Tout comme le lin, le chanvre est une céréale qui nécessite très peu d’eau et peu (ou pas) de pesticides.

Impact CO2 : produire 1kg de chanvre génère 19,5kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : eau de pluie, pas d’irrigation

Pollution de l’eau et des sols : par les éventuels pesticides des cultures et par la teinture

Biodégradable : oui

echeveaux de laines colorées

Laine mouton

La laine de mouton est la fibre naturelle pour nos pulls d’hiver par excellence. Naturelle certes, mais sa fabrication est très émettrice de gas à effet de serre : 80,3kg de CO2 eq pour 1kg de laine, contre 10,1kg de CO2 eq pour 1kg de viscose.

Les émissions de gaz à effet de serre de la laine sont principalement générées à l'étape de production de la fibre (élevage) : ces émissions élevées sont liées au méthane émis par les moutons pendant la rumination et au protoxyde d'azote généré lors de la décomposition des lisiers.

De plus, les élevages de moutons contribuent à la dégradation des sols et à la pollution des eaux.

Impact CO2 : produire 1kg de laine génère 80,3kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : 800 litres d’eau pour 1kg de laine

Pollution de l’eau et des sols : par les élevages de moutons

Biodégradable : oui

echeveau de laine merino

Laine mérino

Tout comme la laine conventionnelle, la laine mérino est très emettrice de C02.

A cela vient s’ajouter la problématique du bien-être animal car dans les pays où il est élevé (Océanie), le mouton mérino subit la pratique du museling qui consiste à retirer la peau à vif sous la queue de l’animal pour éviter la prolifération de la myiase (une larve) qui nuit à la qualité de la laine et du rendement.

Si la nouvelle-Zélande interdit le Mulesing depuis 2018, les élevages australiens, eux, le défendent ardemment et le pratiquent toujours.

Contre le museling ? Choisissez une laine provenant d’autres pays !

Impact CO2 : produire 1kg de laine mérino génère 73,8kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : 800 litres d’eau pour 1kg de laine

Pollution de l’eau et des sols : par les élevages de moutons

Biodégradable : oui

laine de cachemire

Cachemire

De toutes les laines, le cachemire est la plus émettrice de gas à effet de serre avec un record 385,5kg CO2 eq pour 1kg de laine (contre 10,1kg de CO2 eq pour 1kg de viscose).

A consommer avec beaucoup de modération !

Impact CO2 : produire 1kg de laine cachemire génère 385,5kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : 800 litres d’eau pour 1kg de laine

Pollution de l’eau et des sols : par les élevages de moutons

Biodégradable : oui

Fibres artificielles

Les fibres artificielles sont des fibres chimiques fabriquées à partir de matières premières naturelles organiques (cellulose extraite de végétaux, protéines animales ou végétales) ou de matières premières inorganiques. 

A l’origine, les fibres artificielles ont été inventées pour concurrencer la soie et proposer des vêtements moins chers.

differents coupons de viscoseViscose

La viscose est une fibre textile obtenue par la transformation de la pulpe de bois en fil par l’action chimique de solvants très polluants.

C’est bien le processus de transformation de la pulpe de bois qui pose le plus problème pour cette fibre, très peu émettrice de CO2.

Il faut avoir successivement recours à de la soude caustique, puis au disulfure de carbone et enfin aux sulfates et de vitriol (aussi connu sous le nom d'acide sulfurique). 

L’impact de ces produits chimiques est bien réel car une fois rejetés, ils polluent l’air, l’eau et les sols.

A cela vient s’ajouter une production très gourmande en eau et en bois, participant ainsi à la déforestation puisque 70 millions d’arbres sont abattus chaque année pour obtenir la cellulose, matière première de la viscose. De plus, ce sont près de 10'000 litres d’eau qui sont nécessaires à la fabrication d’un kilo de viscose.

Impact CO2 : produire 1kg de viscose génère 10,1kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication :10’000 litres d’eau pour 1kg de viscose

Pollution de l’eau et des sols : par les solvants utilisés lors du processus de transformation de la pulpe de bois en fibre

Biodégradable : oui

nouvelle viscose certifiée ecoresponsable

Nouvelles viscoses

Il existe des alternatives plus écoresponsables à la traditionnelle viscose : ce sont les nouvelles viscoses comme le Tencel, le Lyocell, le Modal, le Lenpur.

La différence ?

Un circuit de fabrication fermé : l’eau et les produits chimiqies sont récupérés et ensuite ré-utilisés, et ce de nombreuses fois.

Les forêts dans lesquelles les arbres sont abattus pour obtenir la cellulose de bois sont gérées de façon durable et certifiées FSC.

Fibres synthétiques

Les fibres synthétiques sont issues de matières non-renouvelables : les hydrocarbures.

Polyester

Le polyester représente plus de 50% des fibres textiles produites dans le monde avec plus de 42 millions de tonnes produites chaque année.

Concrètement, le polyester est un dérivé du pétrole, comme le plastique.

Le pétrole est traité avec différents agents chimiques (acides, alcools) et transformé en fil avec plus ou moins d’eau, selon les procédés utilisés.

Un des reproches fait le plus couramment concernant le polyester est le fait qu’il relargue à chaque lavage des microfibres qui finissent au fond des océans.

Impact CO2 : produire 1kg de polyester génère 14,2kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : impossible de trouver cette information, si vous connaissez la quantité d’eau nécessaire pour produire 1kg de polyester (hors teinture), laissez-nous un commentaire

Pollution de l’eau et des sols : par les microfibres relarguées à chaque lavage et par les produits chimiques utilisés lors du processus de fabrication

Biodégradable : non

fils d'acryliqueAcrylique

Tout comme le polyester, l’acrylique est une fibre textile issue de la pétrochimie.

L’acrylique a un toucher laineux et doux, il imite la laine.

Il est confortable et ne froisse pas.

Cependant, il bouloche très vite dès les premières utilisations du vêtements et n’a pas de tenue.

Il est souvent mélangé à de la laine pour obtenir des pulls doux…et bon marché.

La fabrication de l’acrylique est polluante et énergivore. Tout comme pour le polyester, il relargue des microfibres lors du lavage. Enfin, la durée de vie des vêtements en acrylique est limitée car ils sont fragiles et boulochent facilement.

Impact CO2 : produire 1kg d’acrylique génère 21,1kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : impossible de trouver cette information, si vous connaissez la quantité d’eau nécessaire pour produire 1kg de polyester (hors teinture), laissez-nous un commentaire

Pollution de l’eau et des sols : par les microfibres relarguées à chaque lavage et par les produits chimiques utilisés lors du processus de fabrication

Biodégradable : non

bas en nylon

Nylon

Le nylon est une fibre polyamide dérivée du pétrole.

Très utilisé dans l’industrie textile pour ses propriétés de résistance, d’imperméabilité, le nylon représente 9% des fibres synthétiques utilisées dans l’industrie textile.

Le processus de fabrication du nylon est très polluant et énergivore.

Sa production relâche dans l’atmosphère des gaz à effet de serre comme l’oxyde d’azote ou l'oxyde nitreux (N2O), qui équivaut à 298 fois son poids en CO2.

Tout comme l’acrylique et le polyester, le nylon relargue des microfibres lors des différents passages en machine à laver.

Très utilisé pour la fabrication des bas et des collants, le nylon a une durée de vie tristement courte estimée entre 3 à 5 jours.

Pourtant, il faut 14000m de fils et 750 litres d'eau pour fabriquer une seule paire, et 30 à 40 ans pour qu'elle se dégrade. 

La mode éthique quant à elle privilégie l’utilisation de l’Econyl, un nylon recyclé ou alors le BioNylon obtenu à partir du glucose, un dérivé du sucre obtenu à partir de végétaux.

Pour une paire de collant, compter 14 000 m de fil de nylon et 750 litres d’eau.

Impact CO2 : produire 1kg de nylon génère 20 kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : impossible de trouver cette information, si vous connaissez la quantité d’eau nécessaire pour produire 1kg de polyester (hors teinture), laissez-nous un commentaire

Pollution de l’eau et des sols : par les microfibres relarguées à chaque lavage et par les produits chimiques utilisés lors du processus de fabrication

Biodégradable : non

étoffe recouverte de sequinsElasthanne

Comme ses cousines polyester, acrylique et nylon, l’élastanne provient des matières fossiles et plus précisément du caoutchouc synthétique appelé polyuréthane.

Très appréciée pour son élasticité dans l’industrie des vêtements de sport, l’élasthanne est aussi connu sous le nom de spandex, fibre k ou encore Lycra (marque déposée).

Son procédé de fabrication est polluant et énergivore, et le lavage de l’élasthanne provoque le relargage de microfibres dans l’eau.

Impact CO2 : produire 1kg d’élasthanne génère 20 kg CO2 eq.

Quantité d’eau utilisée pour la fabrication : impossible de trouver cette information, si vous connaissez la quantité d’eau nécessaire pour produire 1kg de polyester (hors teinture), laissez-nous un commentaire

Pollution de l’eau et des sols : par les microfibres relarguées à chaque lavage et par les produits chimiques utilisés lors du processus de fabrication

Biodégradable : non

 

Comme vous pouvez le constater, il n’y a pas de solution miracle.

Toutes les fibres textiles polluent d’une certaine manière : par les gaz à effet de serre émis, par l’eau consommée, les produits chimiques utilisés pour la teinture.

La solution ?

Consommer de manière plus responsable

Et bien gérer son budget.

En privilégiant les fibres recyclées et la fabrication locale !

Découvrez également 11 labels incontournables dans le monde de la mode ainsi que l'envers du décors sur les microfibres de plastique relarguées par les textiles lors de leur lavage pour parfaire vos connaissances.

 

 

Source : données issues de la base Impacts® ADEME, avec une production en Asie 

 


2 commentaires


  • Anonymous

    merci beaucoup pour votre commentaire et votre vigilance ! Nous allons corriger cette coquille de ce pas :-) Effectivement 14’000km ça paraît beaucoup haha !


  • Anaegrys

    Bonjour, il y a un petit souci de rapport concernant le nylon : l’article parle de 14000km de fil pour fabriquer une paire de collants. Le bon nombre serait plutôt 14000m.
    La chose se démontre aisément en revenant à la définition du denier, qui est l’unité d’épaisseur de fil. 1 denier correspond à un fil (imaginaire) pesant 1g pour 9000m. La plupart des bas et collants sur le marché sont en 15 deniers, soit 15g/9000m de fil. Avec 14000km de fil, un collant pèserait… 23kg, ce qui est loin d’être anodin. En réalité, un collant 15 deniers pèserait plutôt environ 23g.
    (calcul vérifié avec une paire de bas en pur nylon 15 deniers, taille 6, qui pèse un peu moins de 20g)


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