Femme en robe à fleurs les bras ouverts debout sur une colline

Aparigraha : 3 façons de pratiquer la non-possession pour un grand ménage intérieur

Codifié par le sage Patañjali dans les Yoga Sūtra, le yoga est un art de vivre régi par les yamas (règles de conduite) et niyamas (disciplines personnelles). Parmi elles : aparigraha, le non-attachement en sanskrit. Cet enseignement, qui est au cœur de la Bhagavad Gita (texte fondamental de l’hindouisme), nous apprend à porter notre attention sur l’action plutôt que sur le résultat ou encore, à nous détacher du désir d'accumulation. Mais concrètement, comment pratiquer le cinquième yama au quotidien ? Et sur son tapis de yoga ? Voici 3 idées pour voyager (plus léger) dans la vie…

salle de séjour au décor minimaliste

1 - Adopter un mode de vie plus minimaliste

Dans cette course effrénée au bonheur, on croit à tort que plus on possède, plus on s’en rapproche. On entasse alors dans les placards, des vêtements parfois neufs, des livres jamais ouverts sur les étagères ou on alimente une collection de paires de chaussures à usage unique. Or, plus nous accumulons des biens matériels, plus nous nous alourdissons avec des bagages, non seulement physiques, mais aussi énergétiques.

Aparigraha, ce n’est pas renoncer totalement à toute attache de la vie matérielle, à la manière des sādhus en Inde qui consacrent leur existence à la quête spirituelle. Transposée dans la société dans laquelle nous vivons, cette vertu yogique consiste à accorder moins d’importance à nos possessions, à repenser et réduire notre consommation.

Pour mettre en application ce cinquième yama, commencez par vous poser les questions suivantes. Elles vous permettront de faire le tri dans vos affaires :

  • Est-ce que cet objet me remplit de joie quand je le porte ou que je l’utilise ?
  • Est-ce que je le garde seulement au cas où j’en aurais besoin un jour ?
  • En ai-je vraiment une utilité régulière ou bien quelqu’un de mon entourage en aurait un meilleur usage que moi ?

Une fois le grand ménage de printemps accompli, réfléchissez à deux fois lorsque vous serez sur le point d’effectuer un nouvel achat. Appliquez la méthode BISOU pour mieux consommer :

  • B (besoin) : à quel besoin réel cela répond-il (estime, réconfort, changement, etc.) ?
  • I (immédiat) : est-ce un achat compulsif ou bien est-ce que mon désir d’acquisition persiste, même après quinze jours ?
  • S (semblable) : ai-je quelque chose de similaire à la maison et qui pourrait convenir ?
  • O (origine) : est-ce que ce produit a traversé la planète pour arriver jusqu’ici ? Quelles ressources ont été utilisées pour sa confection ? Par exemple, chez Géopélie, nous concevons exclusivement des vêtements fabriqués en France à partir de matériaux recyclés !
  • U (utilité) : si j’achète cet objet, est-ce qu’il va impacter positivement mon quotidien ? En aurais-je l’utilité régulièrement ou bien est-ce que je peux l’emprunter, le louer ?

Maintenant que vous vous êtes posé les bonnes questions, il est peut-être temps de libérer de l’espace en vous…

jeune femme qui mange son repas en plein air

2 - Manger de façon plus raisonnée et modérée

Selon les chiffres de 2019 de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, près de 17 % de la nourriture produite dans le monde est jetée. Ne plus gaspiller en évaluant ses besoins alimentaires réels dès la liste de courses : c’est cela aussi, pratiquer la non-avidité.

Alors, pour calmer sa gourmandise et se nourrir en quantité suffisante, on peut s’inspirer du dicton japonais « hara hachi bu ». Ce principe, très appliqué dans la zone bleue d’Okinawa, où la longévité des habitants bat des records, se traduit par le fait de s’arrêter de manger à 80 % de satiété. Mais, pour nous, les Occidentaux, comment reconnaître ce moment peu familier ?

En médecine ayurvédique, la proportion idéale de nourriture est facile à mesurer. Il s’agit de l’équivalent de la taille de vos deux poings. Une fois à table, ajoutez à cette méthode les rituels suivants :

  • ralentissez votre coup de fourchette ;
  • concentrez votre attention sur les saveurs et les couleurs ;
  • limitez vos interactions avec les autres ;
  • tenez-vous éloigné de toute distraction (télé, portable…).

Ces habitudes faciliteront non seulement la digestion et l’assimilation des aliments, mais elles permettront aussi de ressentir et de reconnaître les signaux envoyés par votre estomac rempli. Se nourrir en pleine conscience est un appel à la modération.

Dans de nombreux ouvrages de référence qui se consacrent à la philosophie du yoga, la consommation excessive est même perçue comme un obstacle sur le chemin de la pratique. Et ce n’est pas la seule chose…

jeune femme dans la posture du lotus qui médite

3 - Apprendre à respirer pour appliquer aparigraha sur le tapis

Le cinquième yama est un principe puissant pour vous aider à vivre le moment présent en vous désintéressant du passé et du futur. Il prend particulièrement son sens dans votre pratique du yoga.

Bien souvent, avant même d’entrer en action, on recherche les fruits de la pratique : un esprit apaisé, des mouvements plus fluides, un corps plus détendu ou souple, etc. Finalement, on perd de vue la véritable raison pour laquelle on a déroulé le tapis.

La séance prend alors des airs de démonstration de performance. Le but ultime n’est plus se (re)connecter à soi et être présente, mais se surpasser dans une posture ou se comparer aux autres. Pourtant, aparigraha enseigne aussi l’abandon de toute idée de perfection en étant plus indulgent avec soi-même. Pratiquez pour vous et en vous avec contentement.

Manifester l’absence de convoitise sur le tapis revient donc à accueillir une pratique différente de celle de la veille en laissant derrière soi les connaissances acquises. Ce mouvement d’acquisition et de perte est comparable au souffle :

  • L’inspiration pour tout recevoir, tout prendre.
  • L’expiration pour tout donner, tout rendre.

Aparigraha peut se pratiquer au travers du prāṇayāma (exercice de respiration) kapalabhati (la respiration de feu). Considérée comme un kriyā (technique de nettoyage interne), cette respiration yogique conduit à la sérénité en détoxifiant et énergisant le corps. Et si vous commenciez votre séance de cette manière ?

​​https://www.youtube.com/watch?v=ZNqk8FHfyS4

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Article rédigé par Mélissa Becquet

Sources :

ADELE, Deborah. The Yamas and Niyamas, Exploring Yoga’s Ethical Practice. Duluth : On-Word Bound Books, 2014, 161 pages.

FERREUX MAEGHT, Angèle et VALINDUCQ, Vincent. Zones Bleues, Les secrets de l’extrême longévité. Paris : Éditions First, 2019, 280 pages.

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. En 2019, 17 pour cent du total des aliments mis à la disposition des consommateurs ont été gaspillés. Plateforme technique sur l’évaluation et la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires [en ligne]. Disponible sur : https://www.fao.org/platform-food-loss-waste/news/details/fr/c/1417198/ (04/04/22).

Apprendre la technique de respiration du crâne brillant- Kapalabhati Pranayama | Apprendre le Yoga [vidéo en ligne]. Sikana FR. 29/08/17. Disponible sur : ​​https://www.youtube.com/watch?v=ZNqk8FHfyS4 (30/03/22).


2 commentaires


  • Anonymous

    Merci beaucoup pour votre commentaire ! Ravie que cet article de notre blog vous plaise :-) Moins d’affaires = moins de soucis haha. Notre article sur le minimalisme devrait vous plaire également : https://geopelie.com/blogs/journal/7-astuces-pour-une-vie-plus-minimaliste


  • Nicolet

    Un bel article, construit agréablement, invité au “enlever le trop”, pour personnes engagées sur la voie du Yoga.
    D’autres voies expérimentales de l’Être, prennent la même direction.


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